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Ultrarunner Entrainement mental mental Relation avec mon entraineur - 3ème extrait du livre "Mental" vu par Olivier Pastorelli

Relation avec mon entraineur - 3ème extrait du livre "Mental" vu par Olivier Pastorelli

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Le coach du coche
Il y a toujours un autre souffle dans le mien,
Une autre pensée dans la mienne,
une autre possession dans ce que je possède,
Mille choses et mille êtres impliqués dans mes complications :
Toute vraie pensée est une agression.
Il ne s’agit pas des influences que nous subissons,
Mais des insufflations, des fluctuations que nous sommes,
Avec lesquelles nous nous confondons
Gilles Deleuze, Logique du sens

pages 49,50
Les rencontres suivantes mettent en jeu plusieurs personnages atypiques du monde de la course et notamment l’entraîneur hors-catégorie, Jean-Pierre G, nommé JP. Cela se passe chez Mica, un Dimanche matin de Février 2011, où j’ai réellement tout fait, malgré moi, pour rater le train de Mantes-la-Jolie, contraint de récupérer la voiture pour m’acheminer vers Evreux. La surprise vient de l’entraînement matinal auquel je prends part avec JP, autour du bloc de lotissement à Mica, sur une  dizaine de tours de un kilomètre chacun. C’est l’euphorie, mais je cours mal, car j’ai mal dans les jambes, mal réveillé et douloureux dans les chevilles, piètre copie du coureur sur route. Je m’étonne que JP soit aussi alerte et dynamique, qu’il mette dans sa foulée une tenue de rythme à la façon jazz, qu’il encaisse une rythmique staccato. Je le voyais en papy millénariste du vingtième siècle nouvelle génération, ouvert aux technologies et coach détaché ; ce prototype de JP en est tout le contraire : un boxeur, qui s’accroche à la vie, et lui mène la vie dure, un homme posé et réfléchi, au grand coeur, avec un sens du leadership engagé qu’il brandit tel un blason pour se protéger des méfaits et autres alfrats du réel. Une inquiétude le poursuit également, celle de ne pas être à la hauteur, un inexorable doute, qui le rend à une humilité inconséquente. Ce JP a besoin d’une confiance qu’il ne donne pas au premier venu : il teste la confiance, il est la confiance unifiée avec Mica. Il pense déjà à tout, se met au vert mentalement, en place par la pensée à Antibes, qui se situe à quatre mois de notre actualité. Il planifie le barnum, les emplacements des réfrigérateurs régénérateurs, des tapis dans le sens de la course. Il me dépasse en vitesse de pensée sur son domaine de grand ordonnanceur. Je lui sais gré de sa vigueur et l’engage à m’expliquer.
Partout dans mes déplacements avec Mica, j’aurai JPG sur la ligne, en fond sonore au téléphone, avec Mica au bout du fil. JP veut sentir la pulsation du moment, par la liaison même qu’il travaille à l’accomplissement du projet « Antibes ». L’appel régulier de JP a pour ambition de connaître les intentions de son poulain à travers le portable, les sujets qu’il fréquente, les directives qu’il doit appliquer, la morale rappelée sur le chapelet des bonnes intentions. JP s’implique dans l’aventure.
Dans cette mesure, il se veut moins support existentiel que support matériel de l’aventure. Lui même,
il n’y croit pas trop à la psychologie. Il s’en méfie « comme pas deux », alors qu’il joue le rôle du coach par excellence, qui s’ignore et qui met en jeu toute la batterie de tests psychologiques hors pairs, jamais inventés, jamais appliqués car pas assez subtils et fins pour la grande science. JP possède en réalité son art propre du toucher humain, si subtil qu’il ne s’applique qu’à un seul sujet : Mica. JP a l’air de penser surtout au physique et à l’entraînement manu-militari. Or, il penche du côté affectif, ce versant fait d’une relation père-fils avec Mica, où l’on se demande vraisemblablement qui fait office de père. Celui que l’on appellerait fils n’est pas celui qu’on croit. D’ailleurs, à un point précis de l’aventure, il n’y a plus de père, trop dangereux symboliquement, mais des maîtres de vie, des guides d’onde qui se synchronisent. Alors que l’on penserait plutôt qu’ils jouent leur partition chacun dans leur galaxie résiduelle, la résultante mélodique s’harmonise avec le groupe local, et donne ses lettres de noblesse à l’ambiance jazz créée autour du défi des six-jours. JP butine à la manière d’une invraisemblable ouvrière volante, il ne lâche aucunement le bout de l’aventure, travaille le moindre détail, le cisèle dans l’instant roboratif, sans y plaquer de couverture métaphysique, toujours orienté vers le résultat. Voilà un artisan pleinement capacitif, qui ne se prend pas les pieds dans le tapis du mental capitalistique.

 

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